Agathe, pourriez-vous partager avec nous comment le Festival National des Mini-Entreprises® 2025 reflète votre vision éducative collective et durable en préparation des jeunes aux métiers du futur ?
Le Festival National des Mini-Entreprises® 2025 incarne pleinement notre vision éducative, qui est à la fois collective, inclusive et tournée vers l’avenir. En créant leur Mini-Entreprise®, les jeunes expérimentent de manière collaborative des compétences clés : la créativité, la coopération, l'engagement, et surtout l’agilité face aux transitions technologiques et écologiques. C’est exactement ce que nous entendons par une éducation durable : un parcours qui ne se limite pas à transmettre des savoirs, mais qui cultive une posture entrepreneuriale, citoyenne et engagée.
Cette édition 2025 met en lumière des projets qui répondent à des problématiques sociétales concrètes, avec un regard plus spécifique sur la transition numérique et l'innovation responsable. C’est ainsi que le festival devient un accélérateur de sens : il donne aux jeunes les moyens de devenir acteurs de leur avenir, tout en construisant collectivement des réponses aux défis de notre temps.
En somme, le festival est l’illustration vivante de notre ambition : préparer chaque jeune à devenir un professionnel compétent, mais aussi un citoyen éclairé, conscient de son impact sur le monde.
En tant que Responsable Pédagogie, comment intégrez-vous le numérique de manière efficace dans l'éducation des Mini-Entreprises® pour mieux préparer les jeunes au défi sociétal et culturel des emplois de demain ?
Ma mission est d’outiller les jeunes avec les compétences clés pour évoluer dans un monde en constante mutation. Le numérique, dans ce contexte, n’est pas un simple outil : c’est un levier pédagogique puissant que nous intégrons de différentes manières dans la Mini-Entreprise® pour renforcer chez les jeunes : l’autonomie, la créativité et la compréhension des enjeux d'aujourd'hui.
Concrètement, nous leur proposons :
- Le programme Solve For Tomorrow en partenariat avec Samsung Electronics France qui accompagne plus de 1200 jeunes de 14 à 18 ans chaque année depuis 4 ans à créer en 30h une Mini-Entreprise® qui met la technologie au service de l'intérêt général.
- Le programme de Mini-Entreprise IA® spécifique cette année sur la thématique de l'IA au service des enjeux des secteurs agricoles et agroalimentaires, 36h pour trouver une solution entrepreunariale à ces défis, et basée sur de l'IA.
- Une plateforme pédagogique pour gérer et structurer leur projet, faciliter le travail en équipe à distance, et développer des compétences transversales essentielles comme la gestion de projet, la communication numérique, ou encore l’usage critique des outils digitaux.
- Des ateliers sur les usages de l'IA dans la création et la gestion d'un projet entrepreneurial.
Nous veillons aussi à ce que cette intégration du numérique ne soit jamais déconnectée des valeurs citoyennes et éthiques que nous défendons : penser les usages numériques dans une logique de sobriété, d’inclusion et de responsabilité.
L'expérience entrepreneuriale est souvent citée comme un terrain d'apprentissage clé. Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de projets de Mini-Entreprises® qui ont eu un impact significatif sur les jeunes participants ?
L’expérience entrepreneuriale vécue à travers les Mini-Entreprises® est une expérience transformatrice pour de nombreux jeunes, car elle les confronte à des enjeux réels, les pousse à sortir de leur zone de confort, et les met en position d’acteurs concrets du changement. Voici quelques exemples marquants de projets ayant eu un impact significatif :
Projet coup de coeur : IA-GRICULTURE, élèves du CFA SUP de Vinci à Nantes
Il s'agit d'un projet d’outil pour automatiser la gestion des stocks et faire gagner du temps aux agriculteurs.
Un témoignage d’un jeune :
“Ca nous a permis de vivre concrètement les étapes de création d’un projet, de l’idée à la présentation finale, ce qui nous servira autant dans nos études que dans notre future vie professionnelle.”
Parole d’encadrante :
“C’est une expérience enrichissante, qui incarne parfaitement la mission de relier le monde de l’école et celui de l’entreprise pour faire émerger des idées et des projets.”
Projet coup de coeur : NUTRIA - Etudiants M1 Chimie, faculté des sciences de La Réunion
L’équipe réunionnaise NutrIA s’est associée à l’entreprise Spiréa pour relever un défi local : enrichir naturellement la spiruline en protéines tout en optimisant sa production. Les étudiants ont développé une application d’intelligence artificielle qui ajuste en temps réel les paramètres de culture (température, nutriments…) pour améliorer la qualité du produit. Cette innovation ouvre des perspectives dans l’agroalimentaire, la cosmétique ou la pharmacie.
Un témoignage d’un jeune :
“Ce projet a été une aventure humaine et scientifique incroyable. Remporter le prix national de la meilleure vidéo IA nous a permis de vivre une semaine inoubliable à Paris : entre la visite de Station F, la Cité des Sciences, la soirée de la French Tech et notre participation à VivaTech, on a rencontré des experts, découvert des innovations de pointe et pris conscience de l’impact que notre projet pouvait vraiment avoir. C’était très inspirant de représenter La Réunion avec fierté dans un tel cadre !”
Parole d’encadrant : Enseignant-chercheur en informatique
"Ce qui m’a marqué chez ces étudiants, c’est leur capacité à se saisir d’un enjeu technique complexe et à le rendre concret, utile et durable. NutrIA est l’exemple même d’un projet à fort impact pédagogique, territorial et environnemental.”
Projet coup de coeur : Elèves de seconde option marketing/management en Corse
Valorisation de la laine de brebis corse destinée à être jetée ou brulée en produits cosmétiques cheveux. Extraction de la kératine dans la laine, collaboration avec un laboratoire insulaire pour valoriser la kératine dans des formules de shampoings et après shampoings validés et règlementaires pour la commercilaisation du produit. Une manière créative, ludique et surtour utile de tranformer un déchet en une innovation !
Un témoignage d’un jeune :
"On a découvert qu’on pouvait récupérer la kératine des cheveux et en faire un ingrédient clé pour nos propres shampoings et soins. C’est un vrai labo, mais version mini-entreprise ! On transforme un déchet en un produit clean, local, prêt à être vendu. Franchement, on n’aurait jamais cru aller aussi loin !"
Parole d’encadrante :
"Ce projet est une belle démonstration de rigueur et de créativité. Ils ont suivi un vrai protocole cosmétique, validé les formules, respecté les normes… tout en gardant une approche éco-responsable. C’est de la science appliquée, portée par des jeunes engagés et curieux."
Projet coup de coeur : TROTTISAFE, élèves de 3ème ambition voie professionnelle à Strasbourg
Suite à l’accident mortel en trottinette d’une élève du lycée, les jeunes ont décidé de traiter du problème de la sécurité routière des trottinettes, étant eux et elles mêmes utilisateurs et utilisatrices, en plus d’être dans une ville prônant les mobilités douces.
Les jeunes ont donc imaginé TrottiSafe, un capteur de mouvements à installer soi-même, relié au guidon de la trottinette, permettant de faire vibrer le guidon afin d’avertir le conducteur ou la conductrice si un élément extérieur apparait sur la voie de la trottinette.
Témoignages de jeunes :
“On a appris la gestion de stress, parler en public, de faire un projet intégrant la technologie, c’était une bonne expérience”
“C’est une bonne expérience qui m’a appris les règles du monde professionnel, c’était génial, on a appris la gestion de projet, comment un projet peut être financé, le marketing. “
Parole d’encadrantes :
““C’était une expérience très enrichissante contenu du profil particulier de la classe, c’était un challenge pour nous de les faire progresser tant scolairement qu’humainement et les fédérer autour d’un projet commun”
Ces exemples montrent bien que l’impact va bien au-delà du produit ou du service créé : il touche à la confiance en soi, à l’orientation professionnelle, à l’engagement citoyen. Ce sont des expériences ancrées dans le réel qui marquent durablement les parcours des jeunes.
Le thème 'Coder son avenir' est au cœur du Festival. Comment cette thématique est-elle abordée pour inspirer et engager les jeunes dans un monde où 85 % des métiers restent à inventer ?
Dans le mot "coder", on y voyait plusieurs choses, pas uniquement écrire du code informatique, mais plutôt concevoir, structurer, prototyper son avenir professionnel avec imagination et méthode. Les jeunes sont encouragés à prendre conscience que leur avenir ne se subit pas, il se construit — comme on développe un programme, pas à pas.
Certaines équipes développent des applis, des objets connectés low-tech, des sites internets..Ces projets sont accompagnés pour allier innovation, faisabilité et impact social. A travers leurs solutions, les jeunes apprennent que coder, c’est aussi savoir résoudre des problèmes, coopérer, s’adapter, tester, rebondir.
A travers toute l'aventure Mini-Entreprise®, de l'idéation à la présentation de leur projet au festival, les jeunes sont amenés à rencontrer des personnalités inspirantes avec parfois des parcours atypiques pour montrer que "coder son avenir" n’a pas de voie unique. Nous croyons que cela leur permet de se projeter dans des trajectoires variées, décomplexées, et de comprendre que la réussite ne passe pas toujours par un parcours linéaire.
Lors du festival, nous avons eu la chance d'accueillir le bus de l'aventure du vivant mis en place par le Ministère de l'Agriculture, ce bus permet aux jeunes de découvrir des formations et des métiers d'avenir liés au secteur agricole.
On espérait déclencher des vocations en leur montrant que ces métiers sont accessibles, porteurs de sens, et nécessitent avant tout curiosité et esprit d’initiative.
Enfin, notre approche du numérique est volontaire inclusive et responsable, c'est le numérique au service de la réussite et de l'orientation des jeunes et pour répondre à des enjeux de société majeurs.
Nous faisons en sorte que les jeunes s’approprient les outils numériques non pas comme une fin, mais comme des moyens d’action pour transformer leur futur et le monde autour d’eux.
Le Grand Prix du Numérique est une composante importante du festival. Comment cet événement contribue-t-il à promouvoir l'inclusion numérique chez les jeunes et quels sont les résultats que vous avez pu observer ?
Le Grand Prix du Numérique met en lumière des projets portés par des jeunes de tous horizons qui ont mis le numérique et les technologies au service de l'intérêt général.
Plusieurs programmes d'Entreprendre Pour Apprendre comme Solve For Tomorrow ou la Mini-Entreprise IA® les accompagnent dans cette aventure. Ces programmes leur montrent que le numérique est un langage accessible à tous, pas réservé aux “experts”. Grâce aux ressources des programmes (ateliers, mentorat, outils), les jeunes peuvent se former par la pratique, quelle que soit leurs compétences ou connaissances à la base.
Participer au Grand Prix du Numérique incite les équipes à développer des compétences numériques concrètes : conception de sites, gestion des réseaux sociaux, design UX, storytelling digital, prototype IA, cybersécurité…
Tout autant de compétences transférables, directement mobilisables dans les études ou le monde du travail.
Avec une expérience éducative aussi immersive, comment évaluez-vous l'importance de l'expérimentation dans l'apprentissage et quel rôle joue-t-elle dans le développement des compétences futures ?
L’expérimentation est au cœur de notre démarche pédagogique dans les Mini-Entreprises®, chez Entreprendre Pour Apprendre, nous parlons de pédagogie active, où les jeunes sont pleinement acteurs de leur projet.
Quand les jeunes en équipe imaginent un produit, le testent, échouent, corrigent, et voient les résultats concrets de leurs choix, ils n'apprennent pas uniquement des notions : ils comprennent comment apprendre, ils donnent du sens à ce qu’ils font. Cette appropriation active est bien plus puissante qu’un savoir théorique isolé.
Les compétences dites « du futur » : esprit critique, agilité, collaboration, communication, résolution de problèmes complexes ne s’enseignent pas frontalement. Elles se vivent dans un cadre expérimental, à travers des situations imprévues, des prises de décision collectives, des ajustements permanents.
Les jeunes, pour certains, découvrent dans la Mini-Entreprise® qu’ils ont le droit d’essayer, de se tromper, de recommencer. Ce cadre sécurisant et adapté les pousse à prendre des initiatives, à sortir du cadre scolaire traditionnel, et à développer une posture d’apprenant actif, indispensable dans un monde professionnel en constante évolution.
Expérimenter en groupe dans une Mini-Entreprise®, c’est aussi apprendre à écouter, argumenter, ajuster son point de vue. Cela prépare les jeunes à des environnements de travail plus horizontaux, ouverts, où la co-construction devient la norme.
En conclusion, l’expérimentation pédagogique, telle qu’elle est vécue dans les Mini-Entreprises®, est une pépinière de talents et de savoir-être, qui répond aux vrais besoins du XXIe siècle : apprendre à apprendre, apprendre à coopérer, et oser agir et créer.
Quelles leçons avez-vous tirées de l'organisation du Festival National des Mini-Entreprises® et comment envisagez-vous l'évolution de cet événement dans les prochaines années pour continuer à soutenir la préparation des jeunes aux carrières futures ?
L’organisation du Festival National des Mini-Entreprises® est chaque année une expérience riche d’enseignements, car elle nous place, nous aussi, dans une logique d’apprentissage, d’écoute et d’innovation continue. Cet évènement se construit chaque année avec tout le réseau Entreprendre Pour Apprendre.
Parmi les leçons que nous avons tirées, il y a :
- Chaque édition confirme que rien ne remplace le pouvoir de l’expérience vécue. Voir un jeune présenter son projet, défendre ses idées, gérer le stress, c’est là que se révèlent les compétences essentielles du XXIe siècle.
- Nous constatons chaque année que la richesse des projets vient de la diversité des parcours : élèves de collèges, lycées pro, filières générales ou spécialisées, jeunes en situation de handicap ou décrocheurs, tous trouvent leur place.
- Les projets les plus marquants sont souvent ceux portés par une motivation sincère d’agir sur des enjeux de société : écologie, inclusion, solidarité… Le festival devient alors un catalyseur d’engagement, et pas seulement un lieu de célébration.
- Nous souhaitons que cet évènement reste un évènement ouvert où jeunes, monde de l'éducation, associations et entreprises se rencontrent autour des projets de Mini-Entreprises®. Ces coopérations présentes sur le terrain doivent également se retrouver dans l'évènement national tant dans son organisation en amont que le jour j.
Pour la suite, le Festival national des Mini-Entreprises® de demain doit accompagner les jeunes dans les grandes transitions écologiques, numériques, et sociales. Cela passera par des challenges thématiques, des prix spécifiques, et l’intégration de nouveaux partenaires à impact.
Nous voulons que le Festival reste ce qu’il est déjà : un moment de révélation, de rencontres, et de confiance en l’avenir — mais aussi qu’il devienne, encore davantage, un tremplin structurant vers les métiers de demain, accessibles, durables et porteurs de sens.
Pour plus d'informations : https://www.entreprendre-pour-apprendre.fr/